Jacinthe Loranger

l'oeuvre : Raymonde/Raymond
Le sujet : Le Collectif Taupe
Lieu : Parc des arts du Sommet
Adresse : 140, rue Botsford

Le Collectif Taupe

Le Collectif Taupe (2003-2013) était formé de quatre artistes de la ville de Moncton : Jennifer Bélanger, Jean-Denis Boudreau, Angèle Cormier et Mario Doucette. L’objectif du collectif était de réaliser des interventions inattendues dans des lieux inusités afin d’interpeller le public et de le sensibiliser aux enjeux contemporains. Taupe s’est infiltré dans la réalité quotidienne à l’aide de mises en scène et de fourberies qui exposaient avec humour les constructions qui conditionnent nos normes sociétales. Les actions du collectif se sont souvent déployées de manière furtive : par exemple, pour le projet WalmArt (2006 et 2008), les artistes ont inséré de leurs œuvres originales dans des cadres du magasin à grande surface, qu’ils ont ensuite remis sur les tablettes, afin de s’immiscer clandestinement dans les procédés capitalistes des marchés de grande distribution. La démarche propre à Taupe consistait à reprendre les conventions en les altérant légèrement afin de souligner leur singularité et de remettre en question leurs fondements.

Collectif Taupe, Raymond, 2005

Raymonde/Raymond

L’œuvre Raymonde/Raymond est un buisson de deuxième génération et reprend une œuvre réalisée par le Collectif Taupe en 2005, Le buisson Raymond. Ce nouveau buisson sculptural a été repensé sur quelques plans. Sur le plan formel, il conserve les yeux et le regard loufoque de la version d’origine, dans laquelle des yeux en plastique étaient accrochés à un vrai buisson, mais cette fois-ci la verdure est substituée au profit de béton coloré. De plus, l’aspect furtif qui était intégral à l’œuvre d’origine est atténué au profit d’une visibilité plus importante au sein du parc public. L’œuvre ne fait preuve d’aucune discrétion dans le cas présent et s’impose au regard de façon sympathique. Par ailleurs, sur le plan conceptuel, le titre proposé par Loranger ouvre une réflexion sur les identités de genre. Il se compose maintenant du prénom Raymonde/Raymond, évacuant ainsi toute possibilité d’imposer à l’œuvre un genre unique.

Raymonde/Raymond offre une surveillance bienveillante et rassurante pour l’ensemble des usagers du parc issus de divers contextes sociaux, inculquant ainsi des valeurs humaines envers tous.

Raymonde/Raymond (détail), 2018, béton coloré

Pour la réalisation de l’œuvre-buisson, Loranger a sollicité la collaboration d’Éric Filteau. Ils ont fait appel à leur expertise technique commune, le moulage du béton coloré. La matérialité de l’œuvre lui assure ce coup-ci une pérennité et un ancrage durable. Raymonde/Raymond offre une surveillance bienveillante et rassurante pour l’ensemble des usagers du parc issus de divers contextes sociaux, inculquant ainsi des valeurs humaines envers tous. Les observations du buisson silencieux ne seront jamais connues d’autrui, mais sa présence provoquera peut-être chez le passant une petite gêne, ou bien un sourire. Comme Raymonde/Raymond ne quittera jamais les lieux et gardera sa forme intacte au fil des saisons, elle/il continuera de veiller sur le parc et d’agrémenter la visite de tout un chacun.

L’artiste tient à remercier Eric Filteau pour sa collaboration au projet.

Jacinthe Loranger

Jacinthe Loranger travaille principalement en sérigraphie et sa production se déploie sous différentes formes telles que l’installation, la sculpture et le collage. L’artiste combine des éléments disparates qu’elle détourne de leur contexte d’origine en donnant d’eux une vision excessivement joyeuse, portant ainsi une réflexion sur notre société contemporaine. En s’appuyant sur les conventions de la nature morte, du paysage et de la peinture animalière, ses œuvres proposent des scènes métaphoriques de la vie humaine où le banal devient flamboyant. Cette imagerie fantastique fait l’éloge avec humour et poésie des imperfections et de l’incohérence, qu’elle transforme en objets de vanité contemporaine.

Loranger vit et travaille à Montréal et détient un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM (2001) et une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia (2017). Elle a fait plusieurs résidences d’artiste et présenté des expositions à travers le Canada, dont plusieurs expositions au Québec (au centre Engramme, à la Galerie B312 et au centre Arprim)